Les AET des années 60 à 80 connaissent le Juteux ou ont connu le Juteux ville et le GQG, ces espaces et cet environnement qui participent de leur histoire. Ici s’est construit un destin, le début de la vie adulte et de liberté des jeunes franchement sortis de l’école aussi fougueux que surtout enthousiastes au contact d’une vie nouvelle de toutes responsabilités.
Certains s’en sont enivrés à s’en sortir difficilement sinon pas du tout, pendant que l’essentiel l’a vécu simplement comme une étape du parcours du combattant vers des horizons nouveaux.
Après un cycle de 4 années passées à l’école jusqu’en 1973, je peux dire en paraphrasant l’ancien Johnny Getheme ( TCHE) dans sa célèbre chanson consacrée à l’école : un an de bleusaille, 3 ans d’ancienneté, s’élevant par l’effort, passant AET…., voici l’ancien parcours de tous nos grands anciens et aieuls.
Eh bien après ces quatre dures années à l’école, l’admission au BEMG ou BEPC sonnait le vent de la liberté. Tous les anciens qui devaient continuer leur cycle secondaire dans les lycées civils de Brazzaville étaient pour l’essentiel logés au camp 15 août qui abritait le grand quartier général (GQG ) et le « Juteux ville », cet « hôtel » 1ere classe en comparaison aux dortoirs du GQG dont la seule différence avec l’école était la liberté d’aller et venir, même en sautant le mur pour aller en classe ou se perdre en vadrouille dans la cité mondaine.
Le Juteux ville est donc ce bâtiment mitoyen du Mess des officiers et qui était presqu’ exclusivement l’apanage des AET tant pour ceux qui rentraient jeune officier juste des stages de formation avant de trouver mieux et ces nouveaux AET du cycle dans l’espace entre la seconde et la terminale.
Le « Juteux ville » était réputé un célibaterium où les AET, drapés de leur nouveau statut s’essayaient profondément à la vie adulte. Il en était de même pour ceux qui avaient choisi d’aller à Pointe-Noire et vivaient également en caserne avec un statut spécial et au Mess.
Cette sorte de tradition s’est poursuivie jusqu’à la fin des années 80, mais le GQG avait disparu pour ne laisser place qu’au « Juteux » qui lui-même avait perdu sa noble expression Ville, propre aux AET en conséquence de ce qu’il a commencé à être fréquenté par les « mamadou », eux aussi rentrant des stages.
De nouvelles pratiques y ont vu le jour, ces gens s’installant avec leurs familles et s’y sédentarisant même, au point où, finalement la qualité de Juteux a totalement disparu pour en faire simplement une partie du camp marié.
Ainsi le Juteux a cessé d’être Juteux, car ce qui est Juteux est délicieux. Or ce qui est délicieux aux yeux des AET avait un parfum singulier, c’était une marque purement AET.
AET Jean-Aive Allakoua Mle 1275
